• Comme beaucoup d'intervenants politiques le soulignent, et en particulier Nicolas HULOT, le Grenelle de l'Environnement a eu au moins un effet positif : une prise de conscience des enjeux environnementaux.

    Ce sujet n'est pas récent, mais prend une importance particulière dans le cadre de la crise sociétale dans laquelle nous sommes plongés. Le contexte mondial (économique, mais aussi productif et géopolitique) a totalement bouleversé nos systèmes de valeur. Les ultra-libéraux, dont le mode de vie et de fonctionnement dépendaient de ces évolutions, nous en ont vanté les mérites. Peut-être ont-ils raisons, et que sur une durée suffisante, de nouveaux modèles de valeurs pourraient se construire et être adoptés. Malheureusement, le contexte actuel semble indiquer que nous ne disposons pas du temps nécessaire. De plus ce système de valeur ne semble pas intégrer le développement humain dont se font écho toutes les représentations associatives nationales et internationales « anti-capitalistes ».

    Mais la vérité se trouve rarement dans les extrêmes.
    Prenons l'exemple de l'exploitation minière, en particulier du charbon, dans le Nord et l'Est de la France. Cette activité, qui a généré de nombreux emplois à la fin du XIXe et pendant une bonne part du XXe siècle, a eu de nombreux impacts.

    • Sociaux : les conditions de travail des mineurs étaient particulièrement difficiles mais, par un militantisme syndical fort et sur la durée, ont amené à de nombreuses évolutions sociales dont nous profitons encore maintenant (pour combien de temps ?) ;
    • Economiques : cette activité a permis le développement d'une industrie qui a peu à peu évolué ainsi que d'activités bancaires, mais le secteur privé qui s'est développé sur cette base n'a intégré aucun des impacts négatifs induits (environnementaux notamment) ;
    • Environnementaux : les bassins miniers sont maintenant soumis à de nombreux impacts négatifs liés à cette activité : présence de nombreux sites pollués, risque d'affaissements « miniers » liés à la dégradation des galeries souterraines ... 
    • Sociétaux : l'adaptation du cadre de vie pour répondre aux besoins de la main d'œuvre a généré de nombreux projets d'urbanisme qui ont déclenché et alimenté la réflexion de l'urbanisme moderne, ou comment construire rapidement un espace physique (la ville) ayant vocation à accueil un espace social (les rapports humains).

    Un bilan économique de l'activité liée à l'exploitation minière de ses débuts à nos jours montre que les gains actualisés des entreprises ne couvrent pas, et de loin, le coût des mesures de remise en état, de prévention ou de reconversion, générées depuis. Ce bilan, purement économique, vient apporter des arguments complémentaires à ceux qui, sur la base de l'histoire, refusent le développement de certains nouveaux secteurs économiques. Il est pourtant nécessaire de prendre aussi en compte toutes les avancées sociétales induites par ce passage de l'histoire. Et si une valorisation économique pouvait en être faite, où serait alors le curseur ?

    Cette réflexion ne conclue pas, mais vise à garder à l'esprit que tout système de valeur a ses limites et qu'il serait inopportun dans la situation actuelle de venir (trop facilement) critiquer les failles apparentes d'un système en difficulté.


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  • Face aux conséquences du changement climatiques plusieurs questions se posent :

    • Quelles sont-elles précisémment ? Pour y répondre, on peut se référer au 4ème rapport du GIEC publié en 2007.
    • Comment y préparer la société, en adaptant des comportements, des modes de vie ?
    • Quelles décisions prendre pour éviter d'augmenter les expositions aux risques liés au changement climatique ?

    Evidemment, dans sa réponse scientifique, le GIEC ne pose pas de résultats absolus, mais des probabilités plus ou moins forte de survenance de divers phénomènes, d'ordre général. Ces conclusions nécessitent d'être croisées avec le contexte géographique et économique de la région considérée.
    Mais on peut retenir que les phénomènes climatiques extrèmes (pluviosité, canicule ...) devraient être plus fréquents à moyenne échéange.

    Par ailleurs, il apparaît, pour un pays comme la France, que d'autres phénomènes socio-économiques comme l'évolution des politiques européennes peuvent avoir un impact économique au moins aussi important à court terme. Il est donc difficile de se baser uniquement sur la situation actuelle pour évaluer la capacité du monde économique et de la société en général à répondre aux effets du changement climatique. Toutefois, certaines études laissent à penser que, dans le monde agricole, ceux ayant construit une stratégie très intensive pour leur mode de production, et dont les marges semblent les plus importantes, sont a priori les plus sensibles à la fois aux évolutions de la Politiques Agricole Commune (PAC - Europe) et du changement climatique.
    En simplifiant à l'extrême, on peut conclure que ceux qui ont optimisé à l'extrème leur mode de production afin de maximiser les gains sont les plus sensibles aux risques et aux changements (qu'ils ont volontairement sous-estimé) et en particulier au changement climatique.

    A partir de ce constat, il est important de prendre conscience que le rôle des institutions publiques n'est pas de soutenir des modes économiques en danger, mais d'essayer de réunir les conditions pour que les acteurs économiques (indépendants) soient en mesure de s'adapter. Cela signifie notamment qu'il n'est pas "soutenable/durable" d'aider par des principes de subventionnement des modes de production/consommation qui sont sensibles à des changements de fond. Le parfait exemple est le transport routier.
    Il faut envisager l'intervention publiques comme un régulateur de dynamiques dont l'objectif n'est pas l'intérêt public. Dans le cas du risque inondation, les secteurs touchés devraient faire l'objet de refus d'assurance ou de tout autre type d'indemnité. Ce genre d'engagment, difficile à porter politiquement serait pourtant le seul qui aurait un impact réel sur des choix d'implantation.

    Sachant donc que l'impact de l'évolution de certaines dynamiques économiques ont plus d'effet que le changement climatique à court terme, que les choix politiques sont difficiles à porter ... La classe politique et l'Etat oseront-ils prendre leur responsabilité ?


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